jueves, 3 de mayo de 2007

Plage

Je me suis toujours demandé pourquoi les humains aimaient aller à la plage. Il faut avouer que c’est un milieu assez inhospitalier. Tout plein de sel, d’eau non potable, de sable qui réussit à s’infiltrer jusqu’aux plus petits recoins des affaires et de l’anatomie de l’imprudent qui s’y aventure.

On s’approche de la plage comme qui va à la guerre. Les pieds dans des sandales en plastique, inventées sans doute par un être retors et sadique, digne héritier de la Sainte Inquisition. Les bras chargés de sacs, de boissons, de serviettes, le parasol, les chaises… Une fois arrivés il faut traverser le sable brulant pour lequel les sandales ne supposent qu’une faible protection.

Il faut aussi bien choisir sa place. Ni trop près ni trop loin de l’eau. Avec des voisins pas trop bruyants, sans enfants si possible puisque leur coutume de creuser le sable à la recherche de trésors cachés risque bien de finir avec l’ensevelissement de notre serviette, de nos pieds, de nos yeux.

Une fois choisi l’endroit idéal pour subir ces quelques heures de torture, il faut planter le parasol dans un sol meuble, et ce n’est vraiment pas facile, ça bouge à la moindre brise, l’ombre tourne avec le temps et il faut la suivre serviette à l’appui, ce qui donne une espèce de danse autour de l’engin. Et c’est là que je me demande, tu n’étais pas venu profiter du soleil ?

Puis on décide de se baigner. Et l’eau elle bouge, en un continuum de vagues qui vont et viennent juste pour nous mouiller à hauteur du ventre, là où ça devient vraiment désagréable. Pour finir d’arranger les choses, c’est plein d’algues, de poissons, de choses qui flottent avec une vague apparence organique. Et tout ça en supposant l’absence de méduses, ces êtres gélatineux qui laisseront leurs signatures sur les corps des baigneurs non avertis en forme d’arabesques urticants.

A la sortie, la douce brise si agréable devient un vent glacé porteur de graines de sable qui colleront à la peau mouillé et deviendront les agents du meilleur des gommages en cas d’essai de séchage à la serviette.

Je me suis sacrifiée pour vous éviter cette horrible expérience. Ne venez pas. Je vous assure que ça ne vaut pas le coup. Et pour que vous soyez conscients de l’ampleur de mon dévouement pour vous tous, cet après-midi j’y retourne.

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