Pourquoi une espagnole se met d’un coup à écrire en français ? Je n’en sais trop rien. Peut-être parce que ça me manque cruellement, parce que j’ai toujours considéré que c’était une belle langue, parfaite pour parler sentiments. C’est une langue conçue pour être chuchotée à l’oreille, la voix rauque après une nuit de vin et de tabac.
J’ai appris à parler français quand je savais à peine parler tout court. J’écrivais avant en français qu’en espagnol, et même ma mère a du s’inscrire à des cours pour pouvoir me comprendre.
Je ne remercierai jamais assez mes parents qui voulurent que leur fille soit bilingue. Ils imaginent pas comment ça aide à mûrir, de connaître plusieurs langues. Avec le langage nous héritons, non seulement un outil de communication, mais aussi une structure de pensée. C’est un peu comme un ordinateur qui travaillerait avec deux OS différents. Il devient beaucoup plus flexible, plus adaptable.
La plus grande différence entre l’espagnol et le français c’est le sujet. En France, le sujet est toujours explicite, même pleuvoir ou neiger ont un « il » devant (Ça pourrait être « elle », ou pas ?), tandis qu’en Espagne, le sujet vient du contexte, il est rarement énoncé dans une phrase.
Si nous comparons les mentalités des deux pays, les espagnols tendent à se mettre en second plan, à diminuer leurs succès, à maximiser les échecs. Les français, par contre, obligés de mettre le « je » partout, seront beaucoup plus conscients de leurs action, fiers de revendiquer leurs actes.
Deux langues et deux façons d’appréhender le monde, d’intérioriser la réalité, d’exprimer des idées.
En Espagne on dit « te quiero » (t’aime ou te veux, ça dépend) en français on dit JE t’aime ou JE te veux. Et c’est là qu’est toute la différence.
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